Les ambitions « sociales » de la Fédération
En ce janvier 1923, la toute jeune Fédération des Centres Sociaux de France aborde l’année avec entrain et détermination. Elle a adopté ses statuts. Elle s’est dotée d’un Bureau fédéral dynamique et expérimenté, avec en particulier Apolline de Gourlet comme présidente et Marie-Jeanne Bassot comme secrétaire générale. Elle a déjà à son actif des interventions remarquées lors de la première Conférence internationale des Settlements à Londres en juillet dernier. Elle s’apprête maintenant à recevoir à Paris Jane Addams, la grande figure sociale et pacifiste américaine. Elle a surtout des idées claires et ambitieuses.
Son but « social » est de soutenir les centres sociaux, dont elle a validé l’adhésion, dans leurs projets de restauration d’une société plus juste, plus fraternelle et moins individualiste. En agissant localement, ils entendent en effet reconstruire des liens sociaux, quelque soient les différences d’âge, de conditions sociales et d’appartenances politiques et religieuses. Ils entendent fortifier, notamment en milieu ouvrier, la cellule sociale de base qu’est la famille. En 1921, Marie-Jeanne Bassot formulait déjà cette ambition : « Un centre social n’est vraiment digne de ce nom que quand peuvent s’y rencontrer des êtres de tous âges et de toutes conditions dans un esprit de fusion et d’amitié. Tous peuvent et doivent donner une part, si minime soit-elle, de temps et d’intérêt, pour édifier la Cité sociale » (AG de La Résidence Sociale, 15 nov. 1921).
La Fédération veut aussi mailler les centres sociaux entre eux, tout en respectant leur pleine autonomie. Elle entend favoriser leur développement ainsi que la création de nouveaux Centres sociaux. Elle a d’ailleurs inscrit cette manière de « faire fédération » dans ses statuts. Pour rendre effectives ces intentions, elle « a décidé d’organiser des réunions régulières, dans le but d’établir entre les membres de la Fédération un lien permanent ; d’étudier les questions intéressant l’action des centres sociaux et, pour les rendre plus vivantes, de tenir ces réunions, tour à tour, dans les différents centres ». La première rencontre est prévue le jeudi 22 février 1923 aux Oeuvres du Moulin-Vert de l’Abbé Viollet et aura pour thème : « L’action du Centre social vis-à-vis des enfants d’âge scolaire ».
Le fédéralisme, à la mode des centres sociaux, s’amorce …