4300 personnes – dont 100 internationaux et 250 jeunes : le congrès des centres sociaux a démontré la force d’un réseau, animé depuis plus de 100 ans par les valeurs de démocratie, solidarité, et dignité humaine. Avec leurs trois plénières, 75 ateliers, 70 stands et espaces animés, les trois journées de congrès ont également permis aux participant.es, présent.es ou à distance de pouvoir, ensemble, revisiter et se nourrir de l’histoire centenaire de notre réseau, analyser plus finement les 10 dernières années et la situation actuelle pour nous projeter vers les 10 ans qui viennent.
4300 participant.es… et nous aurions pu être bien plus !
« Impressionnant ». « Incroyable ». « C’est énorme ». Pas mal de superlatifs entendus au cours des trois jours, par les participant.es soufflé.es de se voir si nombreux, si divers. Il faut dire que 4300 personnes réunies dans un seul lieu, aussi grand soit-il, cela en impose. Et encore, il a fallu limiter les inscriptions par rapport à la capacité d’accueil du lieu. Se retrouver ensemble, à cette échelle, procure un véritable sentiment de fierté aussi. Fierté d’être un des maillons de cette grande famille des centres sociaux, fierté de sentir que le projet centre social est vécu, incarné, porté par un réseau immense – « le plus grand réseau social de France » -, fierté de participer à un projet pour une société basée sur la dignité, la solidarité et la démocratie. « Un congrès tous les 10 ans, ce n’est pas assez », « il faudrait qu’on se retrouve bien plus souvent pour avoir conscience de la force de notre réseau et nous redonner du souffle », a-t-on entendu dans les couloirs du congrès. En attendant, les 4300 participant.es (et même plus en comptant les personnes qui ont suivi le au congrès à distance) sont là, ce vendredi 12 mai 2023, prêt.es à se plonger dans trois journées de partage, de débats, de regards dans le rétroviseur de notre histoire comme de projections dans les 10 ans qui viennent.
L’histoire centenaire d’un réseau moderne et innovant, au cœur des questions sociales
En 2022, la FCSF fêtait ses 100 ans. Une sacrée histoire pour notre réseau qui s’est bâti et nourri en permanence de l’évolution de la société, de ses enjeux sociaux. Une histoire racontée en conte et danse au début du congrès.
La culture, toujours au centre du congrès
Beaucoup se souviennent des spectacles impromptus qui fleurissaient dans les couloirs du palais des congrès de Lyon, en 2013. Et pour cause, ce sont aussi ces moments d’émotion et de partage sensible qui marquent. Cette année, la culture n’était pas en reste. Les performances dansées et contées en ouverture et en clôture du Congrès ont plu, souvent ému, les participant.es. Le carnaval, organisé d’une main de maître par les centres sociaux du Nord Pas-de-Calais, a secoué et énergisé la foule. Le concert d’HK et les saltimbanks a fédéré autour de ses textes engagés. La pièce de théâtre « Soudain, Marie-Jeanne » a ouvert le débat autour de notre histoire. Fanfare, ciné-débat, livret souvenir et autres animations culturelles ont également parsemé les temps off et les différents espaces. Enfin, des ateliers ont permis de porter haut et fort les pratiques culturelles des centres sociaux, la notion de droits culturels et l’accès à la culture pour toutes et tous.
Une histoire qu’Axelle Brodiez-Dolino, historienne et chercheuse au CNRS a croisé avec l’évolution des politiques sociales en France. Un regard précieux sur 100 années, ô combien d’actualité.
« Ce qui apparaît le plus saillant dans votre histoire, au regard de celle de la plupart des associations de solidarité, c’est votre identité polyvalente et de passeurs entre différents types d’actions […] Vous êtes à la fois des associations indépendantes, et des relais voire des créations des pouvoirs publics ; à la fois une mise en œuvre de la liberté et de l’empowerment de la société civile, et l’une des formes les plus institutionnalisées de l’action sociale. Ces dualités identitaires sont pour partie à la source de difficultés au quotidien, génératrices d’hésitations, de tensions et de doutes ; mais aussi de vraies richesses, des chances et des leviers d’action.»
Relations aux pouvoirs publics au XXe siècle, dualité ou complémentarité entre action privée associative et partenariat avec les pouvoirs publics, sens de l’action au cours du siècle où il a fallu agir sur la question ouvrière, la question de la pauvreté des actifs et du chômage de masse, le détricotage de la protection sociale…
« les centres sociaux doivent composer avec ce contexte et réparer localement un lien social très malmené nationalement. La tâche est en fait titanesque. Face à cela on a deux solutions, soit abdiquer car on considère qu’on n’a pas la main sur les vraies causes des problèmes, soit participer localement à lutter contre les violences, les stigmatisations et replis sur soi, en redonnant un espoir d’intégration et de bien-être au niveau local, en tentant d’atténuer les inégalités des chances à tous les moments de la chaîne des âges. C’est ce que font les centres sociaux ».
Une histoire dont Tarik Touahria, président de la FCSF, rappelle que
« nous avons 100 ans et nous sommes toujours une idée neuve » et que « le thème du congrès sur la démocratie et la justice sociale est inscrit dans nos valeurs », et qu’à l’heure d’une « individualisation de la société et de destruction de l’Etat social, reposer les questions de justice sociale n’est pas que nécessaire mais vital ».
Quelle place des centres sociaux au cours des 10 dernières années ?
Entre une plénière consacrée à ce thème et les ateliers qui ont mêlé présentation et échanges de pratiques, réflexions sur le sens de notre action dans la société actuelle, forces et fragilités de notre réseau, le congrès a consacré une part belle à ce qu’est et fait notre réseau aujourd’hui.
Michèle Trellu, présidente de la fédération des centres sociaux de Bretagne et membre du groupe projet fédéral national, a ainsi dressé le panorama d’une décennie marquée par une évolution de notre environnement :
« Nous sommes bien conscients du pessimisme ambiant, des montées des extrêmes, des régimes dictatoriaux et de la conflictualisation des débats politiques. Le monde associatif est de plus en plus encadré, avec le Contrat d’Engagement Républicain par exemple et certains événements nous ont beaucoup marqués comme les mobilisations sociales hors mouvements institués, les attentats et le climat sécuritaire qui a suivi, ainsi que la question de la laïcité dont nous nous sommes emparés fortement, la crise sanitaire du COVID qui a mis en avant notre forte présence sur les questions d’éducation, d’isolement, de précarité, notamment alimentaire, mais aussi les inégalités sur le numérique, le logement, l’éducation. Cette crise a aussi accentué la défiance vis-à -vis de l’expertise scientifique et du monde politique […] »
Michèle Trellu ne fait pas pour autant l’impasse sur le fait que notre réseau est resté au plan national silencieux sur plusieurs sujets de société : discriminations raciales, parole des femmes, accueil des migrants ou violences policières:
« Il faut sans doute aujourd’hui réaffirmer notre place dans une société où nous voulons que vivent des espaces de débats, d’éducation populaire, pour nourrir notre ambition politique, regarder où nous en sommes sur la place des habitants dans nos centres sociaux, et regarder le chemin qui nous reste à parcourir, dire notre lien avec les habitants et ce qui nous rattache aux grands courants de pensées. »
Les 10 ans qui viennent de s’écouler sont également marqués, pour notre réseau, par la mise en œuvre du projet fédéral la Fabrique des possibles, centré sur les questions sociales et le développement du pouvoir d’agir. L’occasion de faire le point sur la perception et l’appropriation par le réseau du « pouvoir d’agir », notion parfois vécue comme une injonction nationale, mais aussi levier de changement très fort dans les approches et pratiques de nombreux centres. En tous cas, comme le précise Jérémy Louis, chargé de mission à la FCSF, pour éviter aujourd’hui de faire du pouvoir d’agir un mot valise,
« il est nécessaire de réaffirmer que le pouvoir d’agir est un moyen pour plus de justice sociale et de démocratie. La finalité est d’atteindre une société plus démocratique, de lutter contre les injustices là où on est, de faire des pratiques sociales un outil pour que la société soit plus juste ».
Ce regard sur le rôle et la place des centres sociaux dans la société a été au cœur des 75 ateliers du congrès. Impossible de résumer ici la palette des sujets abordés, mais la simple évocation de quelques-uns des intitulés donne un aperçu de ce qui a été mis au travail : lien social et solidarités dans la France de 2023 ; démocratie représentative, démocratie participative, des modèles en panne ? ; accompagner les familles et la parentalité ; agir contre les discriminations ; place des habitants dans le portage politique ; centre social et enjeux du vieillissement ; la santé, combat pour l’égalité et la justice sociale ; les centres sociaux dans la transition écologique ; se connaitre entre jeunes du réseau des centres sociaux » : « centres sociaux, éducation populaire et transition numérique ; convergences entre espaces ruraux et quartiers populaires »
Un fort développement du réseau en Outre-mer, valorisé lors du Congrès
Ce Congrès a aussi été marqué par la présence de nombreux et nombreuses collègues venu.es d’Outre-mer pour réfléchir et agir à nos côtés. 165 bénévoles et professionnel.les sont venu.es de Guadeloupe et de Guyane, où le réseau est structuré autour de fédérations, et de Martinique, de La Réunion et de Mayotte où le réseau est en cours de structuration. En plus d’un bel espace Outre-mer animé pendant les 3 jours où il était possible, pour les participant.es ultramarins comme pour celles et ceux de métropole, de se rencontrer et d’échanger sur le quotidien de sa structure, les participant.es ont pu approfondir les discussions lors d’un atelier dédié « Les enjeux spécifiques des outre-mers face aux questions de justice sociale ».
Agir aujourd’hui, de la complexité et des tensions
Là encore, les échanges n’ont pas cherché à gommer les aspérités ni la complexité dans laquelle les centres sociaux agissent. Des ateliers ont ainsi été consacrés aux relations avec les pouvoirs publics, à la liberté associative, à la laïcité, au lien social… tandis que les débats en plénière ont permis de partager des difficultés et inquiétudes. Béatrice Fuster-Kleiss, présidente de la fédération de la Vienne, évoque ainsi
« un retrait des services publics sur tous les territoires et un réflexe de plus en plus fréquent de considérer les centres sociaux comme des prestataires de services », mais aussi « la relation au temps, le temps long de l’intervention des centres, basée sur l’éducation populaire, le temps de construction de la vie, du lien social, de la réflexion collective, et le temps court de la recherche de solutions immédiates, souvent demandées à nos structures »
Loïs Saberazana, membre de la délégation de 250 jeunes présent.es au congrès rappelle, elle,
« qu’être jeune, ce n’est pas un problème, ça serait triste. Mais malheureusement la jeunesse est stigmatisée, victime de préjugés, porte une image involontaire qui nous pousse à se sentir illégitime dans des instances de citoyenneté. Aujourd’hui on ne nous a pas donné encore assez la place pour pouvoir être acteurs de ce quotidien qui nous appartient aussi ».
250 jeunes au Congrès, entre participation et interpellation
Pas de Réseau Jeunes – la rencontre annuelle des jeunes des centres sociaux animée par la FCSF – cette année, mais une délégation de 250 jeunes venue de 26 départements pour prendre part au Congrès de Lille. Participer aux plénières, aux ateliers, au village, oui… mais pas que. Les jeunes ont également contribué à l’organisation plusieurs mois à l’avance grâce à des commissions thématiques, et à l’animation de celui-ci avec des propositions de scène ouverte et d’émission radio. Certain.es ont pris le rôle d’animateur.rices d’ateliers, d’autres sont intervenu.es en plénière… jusqu’à l’interpellation marquante d’une partie d’entre eux, lors de la plénière de clôture, sur la place des jeunes dans les centres sociaux et dans la société
Dégradation des conditions de travail et manque d’attractivité des métiers, difficulté de la relation partenariale, territoires qui se précarisent, replis sur soi… le tableau dressé n’est pas des plus optimistes. Pourtant là encore, la force des échanges au sein des ateliers, des plénières, mais aussi dans les couloirs, l’espace ciné débat, ou Banquets Citoyens, montre que les membres du réseau des centres sociaux sont conscients de la complexité du monde mais qu’ils ont envie de continuer à agir. Aïssa Kherzane, président du centre social Matisse à Calais rappelle ainsi que
« Notre envie d’agir dure depuis cent ans et elle est là tous les jours, c’est notre essence dans les centres sociaux »
quand Véronique Cormont, directrice du centre social Part’âges au Blanc témoigne :
« les centres sociaux sont un des rares endroits où on travaille la cohésion, où on fait société. Les gens avancent ensemble, malgré les différences, je continue à trouver cela magique ».
Pour Martine Wadier, vice-présidente de la FCSF,
« Soyons confiants dans ce que nous faisons, c’est tout cela qui fait notre légitimité, cette diversité du réseau dans le commun, et allons plus loin : portons collectivement notre vision d’une société désirable, n’ayons pas peur, on sait que ce n’est pas facile, mais osons les transitions dans cette société ! »
Là encore, les ateliers autour du rôle des centres sociaux dans les transitions écologiques, démographiques, numériques, démocratiques mettent en lumière le rôle des centres sociaux et la singularité de leur approche, avec, au cœur, la place des personnes concernées et la poursuite des enjeux de justice sociale pour ces transitions. Et l’envie d’aller plus loin se concrétise aussi dans l’ensemble des témoignages et présentations sur les stands, les ateliers ou devant le grand palais où se déroule le congrès, avec l’espace centres sociaux itinérants : camions, triporteurs, caravanes et, surtout, des personnes et des projets pour faire vivre cette itinérance et cet aller vers, avec, encore une fois, une valeur cardinale du projet centre social affirmée : l’accueil inconditionnel.
Les centres sociaux itinérants, en animation sur le parvis du Grand Palais !
Le Congrès se vivait également à l’extérieur, devant l’entrée du Grand Palais ! Plusieurs centres sociaux itinérants étaient au rendez-vous – parmi eux les triporteurs des centres sociaux de Lyon (69) et de La Bugallière (Orvault – 44), le camion Bob du centre social de Rilleux-la-Pape, la POP ID de Maine et Loire, Fulenn de Bretagne…Et ainsi le parvis se transforma en Village des Centres Sociaux itinérants, composé de plusieurs espaces : ici un espace atelier avec une proposition ludique de course de vélo smoothie, des quiz cuisine ou bien encore un atelier « inventons nos vie bas carbone » ; là un espace numérique avec des animations de découpeuses numérique, de pixel art ou de stylo 3D ; ou bien encore un espace débat pour questionner l’itinérance, la nécessité d’un véhicule ou sur le rap engagé. Sans oublier bien sûr un peu de détente, avec l’espace bain de soleil et info papotage !
Centres sociaux, partenaires et acteurs publics… : des relations pleines d’enjeux
La relation entre centres sociaux, collectivités locales, organismes sociaux et Etat a traversé les échanges du congrès. D’abord regardée comme un atout, comme ont pu en témoigner Gilles Noël, Maire de Varzy et membre de l’association des maires ruraux de France ou Chantal Flinois, Maire adjointe de Villeneuve d’Ascq lors de l’atelier « centres sociaux, une sacrée plus-value pour les territoires, ce sont les élus qui le disent ».
L’occasion également de propos marquant la reconnaissance de l’action des centres sociaux :
« Dans une période qui ne valorise que la performance, la rentabilité, les succès, les centres sociaux rappellent par leur action le souhait de traiter chacune et chacun à égale dignité. Les activités sociales, éducatives, culturelles, familiales à tous les âges sont autant d’éléments qui recréent un lien à une époque où les replis sur soi gagnent du terrain »,
rappelle Arnaud Deslandes, Maire adjoint de Lille en ouverture du congrès.
« Nous allons continuer à développer ensemble ce que vous portez et incarnez de présence, de co-construction de politiques publiques […] nous avons envie de porter avec vous des enjeux comme la transition écologique, car vous avez ce lien avec la population, cette capacité à accompagner ces changements y compris ceux qui impactent plus fortement les populations en plus grande difficulté ».
pose Nicolas Grivel, directeur général de la CNAF.
Mais cette relation a aussi été abordée du point de vue d’enjeux et marges de progression, lors d’ateliers (« Les centres sociaux, partenaires des financeurs ? », « intercommunalités et centres sociaux, renforcer les coopérations », « démocratie locale, osons la coopération »), ou encore du point de vue des inquiétudes, la relation aux pouvoirs publics apparaissant comme un caillou dans la chaussure de pas mal de centres sociaux. Des craintes également formulées quant à une relation qui change de nature, un cadre de politique publique qui réinterroge les libertés associatives, une tendance à faire des centres sociaux des opérateurs plus que des acteurs en coopération…
Cette tension s’est exprimée au sens propre, le dimanche matin de clôture du congrès, avec la venue et l’intervention du ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées. Une présence incompréhensible pour une partie des participant.es, dans un contexte de réforme des retraites, vécue comme source d’injustice à l’issue d’un processus tronqué ; une présence « nécessaire » pour d’autres, d’un ministre dont les attributions recouvrent le champ des politiques publiques au sein desquelles les centres agissent au quotidien, avec l’enjeu, dans une période de construction de politiques publiques (convention d’objectifs et de gestion avec la Branche Famille, pacte des solidarités, politique publique de soutien à la parentalité…) à rappeler la force, l’ancrage et la pertinence du projet centre social. A cet instant, les propos d’Axelle Brodiez Dolino, lors du premier jour du congrès, sur la tension de la posture entre acteur de mise en œuvre de la liberté et l’empowerment de la société civile et acteur de politique publique résonnent fort.
Le réseau international, présent en nombre
A Lille, ça n’est pas seulement le réseau national des centres sociaux qui était représenté, mais aussi l’International Federation of Settlements. Cent internationaux, d’une quinzaine de pays, représentant les 4 régions de l’IFS étaient présents. De nombreuses contributions ont permis aux congressistes de prendre de la hauteur et de faire un pas de côté à travers le partage d’expériences telles que les défis de démocratie et de justice sociale autour de mouvements de colonisation au Nigéria, le traitement et la prévention des auteurs de violence domestique au Danemark ou encore l’engagement civique et le lien avec le pouvoir au peuple aux Etats-Unis.
Une vision de société affirmée, à laquelle les centres sociaux veulent contribuer !
Cette vision d’une société désirable a guidé les trois jours du congrès, avec une belle mise en exergue, le dimanche matin, lors de la plénière de clôture. L’occasion de présenter et discuter de 5 propositions d’axes pour un futur projet fédéral de réseau. L’occasion, aussi, d’affirmer notre vision de société pour les 10 ans à venir et le rôle que les centres sociaux veulent y jouer. En voici les grandes lignes :
- Pour une transition écologique citoyenne et solidaire, axe souhaité transversal à l’ensemble du projet. Nous avons besoin d’une transformation profonde de nos modes de vie, manières de produire, consommer, nous avons besoin de modes de vie plus soutenables, mais aussi que la société réponde de manière digne aux besoins des habitant.es. On ne peut pas imaginer une transition écologique qui se fasse sans la participation de toutes et tous, c’est pour cela que nous la voulons citoyenne. On ne peut pas imaginer une transition écologique qui nie les inégalités sociales, auxquelles s’ajoutent les inégalités environnementales, c’est pour cela que nous la voulons solidaire.
- Pour une société plus égalitaire, sans pauvreté et qui assure l’égalité réelle de toutes et tous aux droits, aux biens communs, et l’équité entre les territoires : les centres sociaux peuvent aussi contribuer à rendre visibles les inégalités et porter des actions pour les réduire, dans lesquelles les personnes concernées sont au centre.
- Pour une société où chacun.e trouve et prend sa place, une société qui mise sur la qualité des liens : lien social, lutte contre l’isolement, espaces d’expression de chacun.e, lutte contre les discriminations et de lutte contre toutes les formes de domination dans la société.
- Pour une démocratie en mouvement, par toutes et tous, dans laquelle chacun.e peut prendre une place, une société qui repose sur la liberté de s’exprimer, de débattre, de se contredire, qui reconnaisse la parole émergente, bref une société ascendante.
- Pour une démocratie de l’engagement et de l’action collective, avec une société qui se nourrisse de coopérations et d’alliances qui donne plus de place à la société civile, qui reconnaisse la capacité et la pertinence à construire de l’action collective, que ce soient des habitant.es engagé.es des centres sociaux ou des collectifs informels.
Les centres sociaux ont un rôle important à jouer pour porter des questions sociales dans le contexte actuel d’accroissement des inégalités et sentiments d’injustice, comme l’a souligné Isabelle Foucher dans la mise en perspective du projet :
« Poussons, portons ces questions sociales, et faisons-le aussi loin que nous le pouvons en tant que centres sociaux »,
en soulignant les tensions dans lesquelles les centres sont pris, entre politiques publiques et société civile, entre espace de convivialité, de lien, et espace de débat et d’expression des désaccords.
« Notre boussole c’est d’être avant tout aux côtés des habitants et pas trop près ni trop loin, des politiques publiques »
Ce projet nous invite aussi à renforcer notre rôle d’acteur démocratique aux côtés des autres acteurs démocratiques.
« Jouons notre rôle, soyons fiers de cela, vivons et suscitons des engagements et soyons nous-même acteurs des transformations ».
Ce projet porte l’ambition d’être un projet de réseau, de mise en mouvement, comme l’a souligné Hugo Barthalay :
« Nous faisons le choix de l’action collective (…) et ce congrès nous invite à renforcer le « faire réseau », à gagner en horizontalité, à développer un art-de-vivre fédéral, cette capacité à agir ensemble, égaux et différents, pour être visibles et lisibles, peser, exprimer notre point de vue dans la société ». « Cultivons le respect de l’autonomie de chacun.e tout en renforçant sans cesse notre interdépendance ! », nous invite Hugo Barthalay « pour que jamais ne cesse l’énergie et l’audace de notre action, pour plus de justice sociale ! »
Les axes du projet ont été mis en discussion avec les participant.es le dimanche 14 mai au matin, avec les outils de l’éducation populaire, sous l’impulsion et l’animation de Vanessa Jaume et Sarah Chion, déléguées de la fédération de l’Ardèche. Des axes qui font écho aux regards et enjeux des participant.es du congrès. Et une délibération qui confirme que ces derniers se reconnaissent dans ces orientations, qui font écho aux envies d’agir de notre réseau. Une belle perspective et des nouvelles étapes s’ouvrent ainsi jusqu’à juin 2024, pour traduire cette vision de société et de réseau en chemins de changement concrets à mener. Chantier ouvert et indispensable, comme le rappelle Tarik Touahria en clôture du congrès :
« J’ai l’impression que les 1500 projets de transformation sociale portés par les équipes vont constituer demain une force de transformation sociale qui sera plus forte que ce qu’elle était jusqu’à présent. Notre place est difficile, mais indispensable pour faire face aux urgences de la société. S’il y a un acteur qui est indispensable aux urgences des crises actuelles, c’est bien nous, les centres sociaux, le plus grand réseau social de France ! »